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B 1_ L’Or du Limousin et de La Marche


 1.    Historique

1.1. Période antique

L’exploitation de l’or en Limousin remonte à des temps très anciens. L'exploitation de l'or y débute vraisemblablement dès le néolithique, mais c'est à l'époque celtique (- 500 ans avant JC) puis durant la période gallo-romaine (- 50 ans à + 100 ans) qu'elle connut son apogée.
Cette activité est marquée par des vestiges que l’on appelle fosses ou aurières ; elles se présentent généralement sous la forme de tranchées ou de fosses circulaires profondes parfois de plusieurs dizaines de mètres et longues d’une dizaine à plus de 200 mètres pour les plus grandes.
Près de 2 000 aurières ont été repérées dans la région du Limousin apportant la preuve qu’une activité minière intense régnait sur cette partie du territoire de la Gaule.
Les travaux anciens étaient la plupart du temps, des travaux à ciel ouvert et à très faible profondeur. Le premier obstacle à l’approfondissement des recherches était l’abondance de l’eau qui noyait rapidement les travaux. Ces grattages peuvent parfois être prolongés par des travaux miniers constitués par des travaux souterrains rencontrés à des profondeurs de 40 à 50 mètres en particulier à La Fagassière, à Champvert ou aux Fouilloux. La découverte de ces anciens chantiers permit de constater que l’abattage du minerai se faisait par éclatement du quartz au feu.
La production d'or provenant autant des gîtes alluvionnaires que des filons exploités, peut être estimé à environ 10 tonnes d'or.
Avec la disparition de l’empire romain, l’industrie minière s’éteignit progressivement au point d’être totalement oubliée.

1.2. Epoque moderne

Il faut attendre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle pour que sous l'impulsion d'Ingénieurs des mines pour que le Limousin soit le siège d'une nouvelle "Ruée vers l'or". En effet, si certains hommes de science voyaient de ces fosses les restes de fortifications ou de sépultures antiques, d’autres plus perspicaces émirent l’hypothèse de travaux miniers pour l’extraction du plomb ou de l’étain mais personne ne songea à l’or.
En 1856, E. Mallard, ingénieur des mines chargé de l’arrondissement de Guéret qui suivait les travaux miniers de Vaulry exécutés sur un filon d’étain par La Société de Mines de Vaulry et Cieux, fit le rapprochement entre les fosses antiques situées à proximité de cette exploitation de Vaulry avec les fosses observées dans la région de Limoges et de St-Yrieix. Il décida d’en faire l’inventaire pensant qu’elles constituaient là d’excellents indices pour la recherche de l’étain.

En 1866 il publie une note sous l’intitulé “Note sur les gisements stannifères du Limousin et de la Marche et sur quelques anciennes fouilles qui paraissent s’y rattacher”. En 1867, Mallard publiera une note additionnelle dans laquelle il émet pour la première fois l’hypothèse d’une exploitation aurifère comme origine de ces fosses.
Les choses restèrent inchangées jusque vers 1905 où une petite ruée vers l'or commença. Elle résulte d'une part des découvertes des gisements d’or de Châtelet, de la Bellière, de La Lucette, et de Salsigne, et d'autre part du développement de nouveaux procédés de traitements des minerais.
De nombreuses sociétés se créent alors. En 1914, il y aura eu pas loin de 40 recherches pour mispickel aurifère dont quinze seront transformées en concessions (actuellement, on estime à 87, le nombre de filons ayant été explorés ou exploités). L'énergie et les espoirs qui sont investis dans cette quête de l'or, les difficultés et les déboires qui y sont rencontrés sont assez similaires à ceux qui ont émaillé l'histoire de la mine du Châtelet. Finalement deux grandes sociétés contrôleront cette région :
  • le groupe Léonino-Balzac qui créera, en 1913, la "Compagnie centrale des mines et métallurgie" pour traiter le minerai de ses filiales minières.
  • la société CIMINOR qui apportera, en 1928, son secours financier pour la mise ou la remise en exploitation de plusieurs concessions.

Cette recherche intense menée principalement sur le territoire de la Haute Vienne et, à moindre échelle dans la Creuse aboutira entre 1905 et 1914 à près de 45 demandes de concessions pour mispickel aurifère. 15 seront transformées en concessions et seulement six auront une activité suivie pendant plusieurs années permettant la production de métal précieux.
Dans les années 1980-1990, du fait d'un cours de l'or intéressant, l'exploration pour or reprit dans le Limousin ainsi que dans les autres districts aurifères français. Les principaux acteurs de ces nouvelles prospections sont : Cogéma, BRGM, C. M. Dong Trieux - Total Compagnie Minière, Elf Aquitaine et Hexamines.

2.    Localisation et géologie

Les gîtes et indices aurifères du Limousin et de la Marche se répartissent en deux grands districts.
  • Le district d'Ambazac s'étend sur près de 3 000 km2 au Nord de Limoges jusqu'à la Souterraine. Il est limité à l'Ouest par Confolens et à l'Est par Guéret. Une trentaine de filons y ont été plus ou moins exploités. Ils se répartissent de part et d'autre des granites de Blond et St Sylvestre-St Goussaud avec :
  • à l'Ouest entre Bellac et Confolens, l'auréole aurifère des Monts de Blond. C'est dans ce secteur que sont situées les mines de Vaulry et Cieux.
  • à l'Est la région aurifère de Bénévent L’Abbaye et l'auréole des Monts d’Ambazac et de St-Goussaud.
  • Le district de St-Yrieix-La-Perche s'étend sur 2 300 km2 au Sud de Limoges, jusqu'au Sud de St Yrieix. Il est limité à l'Ouest par Chalus et à l'Est par Chateauneuf-la-Forêt et la faille d'Argentat. Près de 90 gîtes y sont connus et environ soixante filons y ont été plus ou moins exploités ou reconnus par des travaux.


Les gîtes et indices aurifères du Limousin et de Marche sont encaissés pour la plupart dans des gneiss, micaschistes et schistes cadomiens et plus rarement dans le granite (Crouzet et al., 1979). En général les filons sont peu éloignés de leucogranites hercyniens circonscrits. Ces granites, comme les terrains encaissants sont affectés par une tectonique cassante tardi-hercynienne. Les gîtes se présentent surtout en filons de dimensions variables (quelques centimètres à plus de 10 mètres) et plus rarement en stockwerks tenus, dans les leucogranites ou en imprégnation dans les granites.

3.    Région des Monts de Blond

Dans cette région, l'or fut découvert en 1856 dans des filons de la mine de Vaulry qui produira, en plus de sa production principale d’étain et de tungstène, quelques kilos d’or.
Dans cette région, l'initiative des prospections pour or revient à M. Labuze qui fonda vers 1912 la Société de Recherches Minières de la Basse-Marche. Il effectua, de 1912 à 1914, des recherches sur les communes de Mortemart, Blond, Cieux, Peyrilhac, Saint-Martial, en Haute-Vienne, et de Brigueuil, Brillac, Montrollet en Charente. Sur ces communes, des travaux (puits et tranchées) commencés en 1913 furent interrompus par la guerre en 1914. Près du village de Banèche, entre Cieux et Peyrilhac, les recherches auraient recoupé des filons de quartz minéralisés.
Dans les années 1983-1989, les Sociétés Hexamines SA, Cogéma, Total Compagnie Minière et le BRGM reprennent des recherches sur la région des Monts de Blond. Les travaux d'Hexamines menés sur le secteur de Banèche, non loin de l'ancienne mine de Vaulry exploitée par la Société des Mines de Vaulry et Cieux, puis par la Société des Mines de Bellac, reconnurent une minéralisation filonienne et disséminée à mispickel aurifère. Comme pour les autres sociétés, ces travaux ne permirent pas de trouver un tonnage économique.

4.    Région de Bénévent l’Abbaye

Ce secteur s’étend sur près de 25 km de long, entre La Souterraine et St-Dizier-Leyrenne, et sur 3 à 4 kilomètres de large. Ce secteur est entièrement situé sur le département de la Creuse.
Les filons de quartz à mispickel étaient nombreux mais seuls deux secteurs firent l’objet de recherches sérieuses dont une aboutira à une exploitation minière digne de ce nom. Les prospections dans la région ont débuté en 1904 et les travaux souterrains en 1908.

4.1. Concession de La Petite Faye (Creuse)

Située à 1500 mètres au Sud de la commune de Chamborand, les travaux de recherches de la Petite Faye débutèrent en 1909 sous la direction d’un ingénieur, Monsieur De Joannis. Ce dernier entreprend jusqu'en 1911, des travaux de reconnaissance importants (puits de 29m, travers-banc de 15m). Il demanda l'octroi d'une concession en mars 1910. Il céda ses droits en 1914 à la Société Civile de la Petite Faye.
Le 4 janvier 1921, une concession de 314 ha fut accordée à la Société Civile de la Petite Faye pour l’exploitation de mispickel aurifère et métaux connexes. Les travaux portèrent sur un filon de quartz de 1,50 mètre de puissance minéralisé en mispickel et or libre. La teneur moyenne du minerai était de 50 g d’or par tonne. Malgré ces teneurs intéressantes, les travaux se limitèrent à quelques recherches.
En mai 1930 le Groupe de la Compagnie Industrielle des Mines d’Or en France (CIMINOR) crée la Société des Mines de Lécuras et La Petite Faye qui acquit, en mai 1931, les droits d’exploitation. Elle n'entreprit aucuns travaux et renonça à sa concession en décembre 1948.

C’est en 1951 que la Société d'Etudes, de Recherches et de Prospection Minières “LA GAGNIERES reprit l’exploitation de mine, elle dénoya le puits et procéda à un échantillonnage systématique. Le puits de recherche creusé avant 1914 étant trop petit, un second puits de 61,30 mètres de profondeur fut foncé 1955. Le nouveau puits permettra l’exploitation d’un filon sur 3 niveaux.

En 1959, la Société SORPEM (ex-Gagnières) cédera la mine à une autre Société “La Petite Faye qui poursuivra les travaux en approfondissant le puits à 90 m. L’extraction continuera jusqu’en 1962.
Le minerai fut traité dans une petite usine construite en 1956 à proximité de la mine qui produisit, entre 1957 et 1962, environ 321 kg d'or des 33 595 tonnes de minerai sorties de la mine.
Dans les années 1983, la société Cogéma seule, puis associée à Hexamines, entreprit des recherches qui aboutirent à l'attribution du permis de Jeansannes le 3 octobre 1984. Les travaux réalisés alors ne permirent pas de trouver un potentiel économique et les recherches furent abandonnées.

4.2. Recherches de Forgeas et St-Chatrier

Les hameaux de Forgeas et St-Chatrier sont situés à l’extrémité sud de la zone aurifère sur le territoire des communes de St-Dizier et Ceyroux.
Deux groupes concurrents ont effectué des travaux de recherches sur les fosses de Forgeas et Saint-Chatrier (dans le bois des Cruzeaux) avant la guerre de 1914. Il s’ensuivit une succession de procès qui opposèrent la Société de Recherche du Plateau Central représenté par le Baron De Dietrich, à Monsieur Paul Darcy de la Société des Mines Gallo-Romaines dont les actifs seront acquis par la suite par la Société des Mines d’or de la Marche.
Les travaux furent menés, de 1908 à 1911, par chacun des deux partis à partir de deux puits distants de quelques centaines de mètres explorant le même filon à des niveaux différents. Les deux gisements présentent la minéralisation lenticulaire d'un certain intérêt mais sont insuffisamment connus. Une demande de concession fut faite par chacun mais refusée pour insuffisance de recherches.

5.    Région des Monts d’Ambazac et St-Goussaud

L'auréole aurifère des monts d'Ambazac et de Saint-Goussaud est une frange minéralisée de quelques kilomètres de largeur sur la périphérie du massif de Saint-Goussaud. Elle s'étend en majeure partie sur le département de la Haute-Vienne et sur celui de la Creuse pour sa partie sud-est.

5.1. Les Concessions

5.1.1. Concession de Baugiraud (Haute-Vienne)

Situé à 2,5 km au Nord-Ouest de Laurière, les fosses anciennes furent signalées par M. Henri Farjas en 1906. En 1908, M. Henri Portier (actionnaire des mines de La Lucette) sollicite une autorisation de recherche et commence les travaux. Il apporte ensuite ses droits à la Société Minière de Prospection et de Recherches qui les cède à la Compagnie des Mines d'Or d'Auvergne.

Celle-ci les transfère à la Société Minière du Limousin qui en fait cession finalement à la Société des Mines de Laurière. Après exécution des travaux de recherche cette société sollicita une concession qui lui fut accordée par le décret du 20 décembre 1922. Cette concession dite de Baugiraud portait sur 274 ha pour l’exploitation de mispickel aurifère et métaux connexes. Cette concession reviendra dans le domaine public le 12 juin 1968.


Les travaux de recherches furent menés par 2 puits, le puits St-Joseph, foncé en 1908 jusqu’à 27 m de profondeur, et le puits Ste-Marie profond de 29,50 mètres et prolongé jusqu'à 41 m de profondeur par un faux puits. Ces travaux aboutirent à la découverte de plusieurs veines de quartz minéralisées en mispickel et or libre. La puissance variait de quelques centimètres à 85 cm avec des teneurs maximum de 180 g d’or à la tonne.
Les recherches s’arrêtèrent en décembre 1912.
Après obtention de la concession, les travaux reprirent en 1928, un nouveau puits appelé Georgette fut ouvert. L’exploitation s’arrêtera en décembre de la même année en n'ayant produit que 120 tonnes de minerais à 15 g d’or par tonne.
En 1935 la mine fut dénoyée mais le filon s’avéra très pauvre et irrégulier et les travaux cessèrent définitivement en 1939.
Dans les années 1985, Cogéma entreprit des travaux de recherches sur ce secteur. Un permis de recherche dit de Boisgiraud lui fut attribué le 15 décembre 1986. La demande de renouvellement de permis en 1989 fut rejetée car les résultats des travaux étaient insuffisamment prometteurs.

5.1.2. Concession de Beaune (Haute-Vienne)

Le village de Beaune est situé à 10 km au Nord de Limoges. Les aurières de ce secteur étaient particulièrement importantes, mais disparaissent petit à petit pour faire place aux lotissements.
C’est un ingénieur Monsieur A. Rodocanichi qui redécouvre en 1908 les vestiges d’exploitations gallo-romaines décrits par Mallard quarante ans au auparavant. Un permis de recherche lui est octroyé 1908 sur lequel il effectuera des travaux de 1908 à 1912. Dès mars 1908, les recherches portèrent sous deux fosses à partir de descenderies creusées depuis le puits Patapy profond de 26 mètres qui reconnurent deux filons constitués de quartz minéralisé, avec une puissance variable entre 0,10 et 1,40 m. L’or est souvent visible et les teneurs moyennes élevées (20 à 167 g d’or à la tonne) avec une analyse ayant donné 948 g/tonne.
Le 2 avril 1912, la concession de Beaune, demandée en 1909, est accordée à la Société des Mines de Beaune fondée par Monsieur Rodocanichi. Elle porte sur 354 ha pour l'exploitation de mispickel aurifère et métaux connexes.


Après le décret de concession en 1912, plusieurs puits furent foncés et les travaux se poursuivront par intermittence entre 1912 et 1916 pour reprendre avec plus d’importance de 1924 à 1931.
Le puits Dupont, foncé en 1912 et profond de 106 mètres, a permis d'aménager trois niveaux d’exploitation à 40, 70 et 100 mètres. Plus de 2 kilomètres de galeries de traçage seront creusées à partir de ce puits entre 1912 et 1929. Les travaux rencontreront des veines particulièrement riches et puissantes au niveau 70 où l’or visible était très abondant avec des teneurs exceptionnelles de 2 à 4 kg d’or à la tonne. Le filon d’une puissance moyenne de 2,50 m était composé de veines de quartz et de granulite d’une teneur moyenne de 25 à 30 g d’or par tonne.
Il fut complété par 4 puits qui ne recoupèrent aucune minéralisation exploitable :
  • Le puits des Pilatreries, foncé en 1914, est profond de 31 mètres,
  • Le puits Pichonnier, creusé en 1913 jusqu’à 54 mètres, fut arrêté en 1914 et repris du 16 février 1915 au 27 avril 1916.
  • Le puits Emmanuel, creusé en 1926, profond de 40 mètres,
  • Le puits de Laurière, 44 mètres de profondeur, foncé en août 1927 et abandonné en 1928.

L’exploitation se poursuivra aux mines de Beaune jusqu’au 1er mai 1931 et fournit environ 25 000 tonnes de minerai marchand provenant principalement du filon du puits Dupont. Celui-ci était trié sur le carreau, le minerai riche (25-30 g/t) était expédié à l’usine de Farges près de Saint-Yrieix tandis que le minerai pauvre (5-15 g/t) était concentré sur place.
En 1929, la Compagnie Centrale de Mines et Métallurgie installa, à proximité du puits Dupont, une usine de traitement qui a fonctionné, d'août 1930 à la fermeture de la mine en avril 1931.
Selon les estimations, la production des mines de Beaune a été de 288 kg d'or environ. La société est mise en liquidation le 26 avril 1932.
Sur ce secteur de Beaune, la Cogéma effectua des travaux d'exploration et déposa, en 1987, la demande de permis de recherche de Leychoisier. Ce permis ne fut pas attribué faute de résultats suffisants.

5.2. Les travaux de recherches

5.2.1. Recherches de La Bessassade (Haute-Vienne)

Située sur la commune de Laurière, c’est en septembre 1906 que Monsieur Farjas fit une déclaration de découverte de "mine d’or, étain et métaux connexes" sur les anciennes fouilles de La Bessassade. Ses droits aboutirent après plusieurs transactions entre les mains de la Société des Mines Gallo-Romaines puis de la Société des Mines d’or de la Marche qui entreprit les travaux de recherche de 1910 à 1913.
Deux puits furent foncés : le puits de La Bessassade, foncé jusqu'à 20 m par la Société des Mines Gallo-Romaines fut approfondi jusqu'à 31 m de profondeur par la Société des Mines d’or de la Marche, et le puits de la Fosse aux Bœufs, de 25 m de profondeur. Les travaux exécutés à partir de ces puits furent de faible ampleur et ne donnèrent pas de résultats encourageants.


5.2.2. Recherches de Millemilange (Creuse)

Situées sur la commune de St-Goussaud (Creuse), ces recherches furent entreprises en 1908 par deux sociétés concurrentes la Société des Mines d’or de la Marche et la Société de recherche des Gaules.
Ces travaux étaient motivés par la présence en surface d’aurières de grandes dimensions qui laissaient présumer la présence d’un filon intéressant.
Malgré des travaux importants réalisés à partir de trois puits, les recherches n’aboutirent à aucune découverte intéressante. Les demandes de concessions des deux sociétés furent rejetées et les travaux de recherche cessèrent en 1913.

5.2.3. Recherches de Maranas (Haute-Vienne)

Le site de Maranas se localise entre les communes d’Ambazac et de La Jonchère. C’est Monsieur Farjas, qui, le 22 novembre 1906 fit une déclaration de découverte de mines d’or.
Les travaux de recherche débutèrent en 1908 avec la Société des Mines Gallo-romaines. Ils furent repris de 1910 à 1914 par la Société des Mines d'or de la Marche.
Deux puits furent foncés sur les chantiers de recherches de La fosse Brau et de la fosse de Maranas. Ces recherches aboutirent à la découverte de plusieurs zones riches avec, au niveau 25, des teneurs de 32 g/t. Le minerai est constitué d’un quartz à mispickel riche en or libre visible à l’œil nu expliquant les teneurs exceptionnelles trouvées, allant jusqu'à 1478 g par tonne
Après la guerre de 1914, la société sollicita un permis d’exploitation qui lui fut accordé en 1929 et renouvelé en 1934. Les travaux repris en 1928 se poursuivirent jusqu’en 1931. Ils furent arrêtés en raison de graves difficultés financières auxquelles devait faire face cette société qui fut mise en faillite en 1935.
En 1963, la Société La Petite Faye a dénoyé les travaux pour procéder à un échantillonnage mais aucune suite ne fut donnée.
Dans les années 1985, les travaux de recherches sont entrepris sur le secteur de l'ancienne concession de La Marche et du permis de Maranas. Le 15 décembre 1986 le permis de Rouilléras est attribué à Cogéma qui continuera les recherches jusque dans les années 1990 sur ce secteur.

5.2.4. Recherches de l’Aurence (Haute-Vienne)

Les recherches de l’Aurence portèrent sur deux séries d’aurières situées près de Beaune à l’Ouest de la route nationale 20.
Les travaux entrepris entre 1909 et 1913 consistèrent en plusieurs puits foncés par différentes personnes concurrentes. Les droits furent acquis en 1912 par la Société des Mines d'or d'Auvergne qui les cèdera aussitôt à la Société Minière du Limousin.


Plusieurs filons furent repérés dont certains particulièrement riches en or visible. Toutefois la puissance et la richesse des filons étaient très irrégulières et aucune concession ne fut accordée. En mars 1929, les droits sont cédés à la Société des Mines de Beaune.

6.    Région de St-Yrieix-le-Perche 

Cette zone couvre le Sud du département de la Haute Vienne avec de petits débordements sur les départements de la Corrèze et de la Dordogne. Elle s’étend sur environ 50 km de long avec une largeur variant de 5 à 20 km où les très nombreuses fosses gallo-romaines serviront de guide aux prospecteurs du début du siècle.
La région de St-Yrieix fut l’objet d’un grand nombre de travaux qui se sont poursuivis jusqu'en 2001.
Au début du 19ème siècle, 24 demandes de recherche aboutirent à l’obtention de 12 concessions dont 3 produiront des quantités importantes d'or mais aussi d’argent.
L’une d’elles, l’exploitation de Cros Gallet, complétée par celle du filon de l’Auriéras, a produit près de 20 tonnes d'or de 1982 à 2000.
La mine de Chéni a produit plus de 7 500 kg d’or entre 1921 et 1944, ce qui la placera parmi les cinq plus importantes mines d’or exploitées en France jusqu’à ce jour.

6.1. Les concessions

6.1.1. Concession de Lecuras (Haute-Vienne)

Le 19 mars 1908, Monsieur Jeannez déclarait la découverte de minerai aurifère sur l’emplacement des fosses anciennes situées 200 mètres au Sud du hameau de Lecuras entre les villages de Janailhac et La Roche L’Abeille.
Les travaux de recherche débutèrent en avril 1908 par le creusement d'un puits et d'une descenderie. Les galeries poussées à partir de ces puits reconnurent plusieurs filons de quartz minéralisé en pyrite, mispickel et or libre dont les teneurs variaient entre 20 et 200 g d’or par tonne. Les travaux continuèrent jusqu'en 1912 et aboutirent à l’obtention d’une concession de 315 ha le 12 janvier 1921.
En 1930, la CIMINOR fonde la Société des Mines de Lecuras et de la Petite Faye. Malgré des résultats de recherche intéressants, la concession de Lecuras ne connut aucune activité.
Dans les années 1980, les travaux de recherches reprirent sous la conduite de la Cogéma (permis de Lecuras attribué en décembre1981) puis par la Société le Bourneix (permis de Gioux attribué en février 1992).

6.1.2. Concession du Gendre (Haute-Vienne)

Situées à 4,5 km à l’Est de Roche L’Abeille, les recherches du Gendre débutèrent en 1911 et furent interrompues en 1914. Les travaux consistèrent en tranchées à ciel ouvert et en travaux souterrains.

Quatre 4 tranchées furent ouvertes sur les anciennes aurières et un puits de 50,40 mètres fut foncé. A partir de ce puits, 2 niveaux furent tracés et mirent en évidence un filon de quartz minéralisé en pyrite, mispickel, galène et blende avec parfois quelques points d’or libre. Les teneurs en or variaient de 2 à 45 g, avec des teneurs en argent intéressantes (entre 22 et 306 g/t).
Le 16 avril 1923, la concession du Gendre fut instituée sur 476 ha pour exploitation de mispickel aurifère et métaux connexes au profit de la Société Anonyme de Recherche Aurifère des Gaules.
Après le décret aucun travail ne fut entrepris jusqu’en août 1935 où la Société des Mines de Chéni fit procéder au dénoyage des travaux pour procéder à un échantillonnage du filon. Jugé inintéressant, les travaux furent abandonnés en 1936 et la concession annulée en avril 1960.


6.1.3. Concession de Drouly (Haute-Vienne)

Les travaux de Drouly se situent à 5 km au Nord de Coussac-Bonneval. Des recherches furent commencées en février 1911 sur 4 secteurs :
  • A Drouly, un puits fut foncé à proximité d’anciennes fosses jusqu’à 29 mètres de profondeur. Il recoupa un filon de quartz minéralisé de faible puissance et les travaux furent abandonnés en novembre 1911.
  • A La Tournerie, un puits de 27,50 m fut commencé en avril 1911. Les travaux reconnurent un filon de quartz dont la puissance variait de 1 m à 14 mètres. Les travaux furent arrêtés en 1912.
  • A Bellie, une galerie reconnut un filon de quartz de 1,20 m de puissance mais la galerie rencontra un travers-banc reconnu un filon de 0,70 m à 0,80 m minéralisé en pyrite, galène et mispickel. Les travaux furent abandonnés en novembre 1912.

Ces travaux aboutirent à l'octroi, le 15 octobre 1920, d'une concession, de 500 ha, au profit de la Société des Aurières Françaises.
Les travaux ne reprendront au puits de La Tournerie qu’en février 1929. Un second puits appelé Maurice fut foncé à 30 m au Nord du premier et permit l’exploitation de deux lentilles minéralisées. Au total 2600 tonnes de minerai furent produit dont 2257 tonnes de minerai à 11 g d’or par tonne de 1930 à 1934. Ce minerai fut traité à l’usine de la CIMINOR à La Fagassière.
L’activité sur la concession de Drouly cessa en 1934 et celle-ci fut annulée en 1960.

6.1.4. Concession de Lacaud (Haute-Vienne)

Situées à 4 km au Sud-Ouest de Château Chervix, les recherches débutèrent en 1909 et aboutirent à une concession le 20 février 1913 pour mispickel aurifère au profit de la Société des Mines de Lacaud.
Les travaux se limitèrent à des recherches sur deux secteurs :
  • A Fau Marie, 228 mètres de puits et galeries furent creusés. Les travaux reconnurent la présence d’un filon de quartz d’une puissance de 1,70 m à 2 mètres avec des teneurs très irrégulières variant de 1 à 179 g d’or à la tonne.
  •  A Lacaud, un puits (33,50m) et environ 160 mètres de galeries furent foncés en 1910. Un filon de 1,90 m de puissance fut recoupé avec une teneur moyenne de 49 g d’or avec localement des minéralisations à or libre pouvant contenir de 107 à 606 g d’or à la tonne.

Malgré l’obtention de la concession les travaux arrêtés en 1913 ne furent jamais repris. La Société des Mines de Lacaud qui avait adhéré au groupe CIMINOR, renonça à sa concession. Elle fut annulée en octobre 1948.

6.1.5. Concession de Moissac (Haute-Vienne)

Le village de Moissac est situé à 4 km au Sud-Est de St-Yrieix. Pierre de la Ville-Le-Roulx entreprit, en mars 1908, des travaux de recherche sur un ensemble de fosses gallo-romaines.
Il fit une demande de concession en 1910. En 1914, il cède ses droits à la Compagnie des Mines de Moissac à laquelle fut accordée le 8 juillet 1914 une concession dite concession de Moissac.
Les travaux consistèrent en trois puits qui prouvèrent l’existence de 4 filons de quartz de faible puissance (0,15 à 0,40 m) avec des teneurs moyenne allant de 30 à 70 g/t d'or.
Les travaux seront arrêtés en 1914 et ne seront jamais repris malgré des résultats de recherche intéressants.
La concession de Moissac, passa en 1941 aux mains de la Société des Mines et Produits Chimiques de Salsigne.
A la fin des années 1980, le BRGM et la SMPC Salsigne entreprirent des travaux sur les secteurs des concessions de Moissac et des Biards qui ne débouchèrent sur aucune attribution de permis de recherche.

6.1.6. Concession du Tindeix (Dordogne)

Cette recherche est située sur le territoire de la commune de Jumilhac-le-Grand en Dordogne. Les travaux furent entrepris par la Société des Aurières Françaises en janvier 1910.
Un travers-banc et un puits de 63 mètres furent creusés et aboutirent à la découverte d’un filon d’une puissance moyenne de 0,80 m à 1,80 m avec des teneurs en or variant de 13 à 27 g par tonne.
Ces travaux démontrèrent l’existence d’un filon exploitable, et la concession du Tindeix sera accordée le 8 octobre 1923 pour mispickel aurifère et métaux connexes sur une superficie de 342 ha.
Malgré l’intérêt du gisement prouvé par les travaux de recherche, le travail sera quasi nul après l'attribution de la concession.

6.1.7. Concessions de Chéni et de Nouzilleras (Haute-Vienne)

Le gisement est situé à 6 kilomètres au Nord-Ouest de St-Yrieix, dans une zone où les aurières gallo-romaines sont très abondantes et très développées.
Les recherches furent menées par deux prospecteurs concurrents sur un même gisement.
  • De 1909 à 1911, des recherches seront entreprises par Monsieur Boscher sur deux emplacements, l’un au moulin de Chéni en bordure de la rivière l’Isle, et l’autre, près du hameau de Nouzilleras.
  • De 1908 à 1910, parallèlement aux travaux de Monsieur Boscher, Monsieur Jahan de Laudannière entreprendra de son côté des travaux au hameau de Chez Tendeau et près de Douillac.

En 1910, chacun des concurrents déposa une demande de concession portant sur les mêmes terrains. En 1911 un accord interviendra entre les deux partenaires car chacun des deux explorateurs travaillait sur la moitié du gisement de l’autre. En effet, la zone filonienne explorée par les travaux de Monsieur Boscher au moulin de Chéni correspondait à la même zone explorée par Monsieur de Laudannière à Douillac. Il en était de même pour le secteur exploré à Nouzilleras et qui correspondait aux filons de Chez Tendeau.
Le 12 février 1913, deux concessions pour mispickel seront accordées :
  • L’une dite de Chéni, 406 ha, est accordée à la Société des Mines de Chéni et concerne les recherches faites au Moulin de Chéni et à Douillac.
  • L’autre, dite de Nouzilleras, 290 ha, est accordée à la Société des Mines de Nouzilleras. Cette concession concerne les recherches faites à Nouzilleras et Chez Tendeau. Cette concession sera amodiée à la Société de Cheni en 1991.



6.1.8. Concession de Chéni

Les recherches du moulin de Chéni furent exécutées de 1909 à octobre 1911. Les travaux ont totalisé 40 m de puits dénommé Jacques et 211 m de galeries. Ils ont reconnu un filon de quartz de 0,30 à 0,80 m donnant parfois des teneurs très élevées (jusqu'à 1200 g d’or par tonne en certains points).
Les travaux de ce puits, interrompus en 1911, reprirent de 1913 à août 1914. Un second puits appelé Daniel fut foncé non loin du premier. Les travaux se sont arrêtés en août 1914 et ne furent jamais repris.

A Douillac, les travaux furent plus importants. Les travaux de recherche furent menés de 1908 à 1910 à partir du puits Pierre, profond de 42 mètres. De 1913 à 1917, les travaux porteront sur son approfondissement jusqu’à 100 mètres et l’exploration des niveaux 70 et 100 qui confirmeront la présence de 3 filons de quartz minéralisé principalement en or libre sous forme de paillettes atteignant parfois plusieurs millimètres de diamètre. Les teneurs moyennes se situant entre 20 et 106 g d’or à la tonne.
Les travaux aux mines de Chéni s’arrêteront en 1917 en raison des pénuries de matériel et de personnel. Le travail réalisé entre 1913 et 1917 ont seulement permis de reconnaître les filons. Il n’eut aucune production d’or durant cette période.
La période d’exploitation des mines de Chéni s'étale de 1920 à 1944. Après dénoyage de la mine, le puits Pierre fut approfondi à 130 mètres et un 4ème étage fut aménagé.
En 1930, un second puits sera entrepris le puits Gaston, profond de 186 mètres, il permettra l’exploration et l’exploitation de la partie aval du filon par l’intermédiaire d’une descenderie creusée entre les niveaux 190 et 250.
A partir de 1935, les réserves de minerai exploitable diminuent. Avec l’approfondissement des travaux, les teneurs en or se réduisent : de supérieures à 12 g/tonne dans la tranche de 0 à 100 m, les teneurs moyennes ne sont plus que de l'ordre de 3 g/tonne dans les niveaux inférieurs à 220 m.
L’arrivée de la guerre de 1939 entraînera un ralentissement de l’activité qui se maintiendra jusqu’en 1944, date à laquelle, la résistance fit sauter les installations des puits Pierre et Gaston provoquant ainsi l’arrêt définitif de l’exploitation de la société des mines de Chéni.
Au total, les mines de Chéni produirent 630 000 tonnes de minerais contenant plus de 7 500 kg d’or.
Les minerais étaient traités, pendant la période de production de la mine qui durera 24 années, à l’usine voisine des Farges construite par la Compagnie Centrale de Mine et de Métallurgie sur le territoire de la concession de Nouzilleras. Le transport du minerai entre le puits Pierre et l’usine se faisait par un transporteur aérien de 800 mètres de long.

6.1.9. Concession de Nouzilleras

Les recherches au lieu-dit Chez Tendeau débutèrent en 1908 ne donnèrent aucun résultat intéressant. Les travaux cessèrent en 1910.
A Nouzilleras, un puits fut foncé en 1910 (puits André) jusqu’à 40 mètres de profondeur qui permit la découverte de trois filons.
Après l’institution de la concession, la Société des Mines de Nouzilleras reprendra l’exploitation sur trois périodes, de juin 1913 à août 1914, de novembre 1921 à décembre 1923, et de 1926 à 1931.
Des travaux de recherche seront faits entre 1939 et 1943 sans donner de résultats intéressants.
L’exploitation s’est fait à partir de quatre puits principaux :
  • Le puits André, foncé en 1910, sera approfondi à 73 mètres de 1913 à 1914. En décembre 1921, il sera dénoyé mais les travaux seront arrêtés en juin 1922 en raison des teneurs trop faibles. Ce puits sera définitivement abandonné en 1927.
  • Le puits Jean, creusé à partir de 1913 jusqu’à 35 mètres, sera repris pour être approfondi à 65 mètres. Les travaux effectués à partir de ce puits seront surtout des recherches qui ne donneront guère de résultats encourageants.
  • Le puits Robert, foncé en septembre 1913 jusqu’à 49 mètres, sera dénoyé en 1922. Deux niveaux reconnurent un filon de 2 mètres de puissance avec des teneurs exploitables. Des venues d’eau importantes arrêteront les travaux en 1923 et le puits sera abandonné en 1931.
  • Le puits de la Cité, profond de 42 mètres, il a été creusé en 1928. Un travers-banc a permis de rejoindre les travaux du puits Robert et d’effectuer les dépilages du filon jusqu’en 1931 date de son abandon, en raison, comme au puits Robert, d’importantes venues d’eau.

Avec la fermeture de ces deux derniers puits s’arrêtera l’exploitation des mines de Nouzilleras. De 1922 et 1931, les 11 000 tonnes de minerai extraites et traitées à l’usine des Farges, donneront 135 kg d’or environ.

6.1.10.        Usine de traitement des Farges

En 1917, la Compagnie Centrale de Mine et de Métallurgie démarra la construction de l’usine de traitement des Farges qui fut mise en service en 1920.
Elle traitera principalement les minerais de la concession de Chéni puisque la production des autres concessions de Beaune, L’Auriéras, et Nouzilleras fut relativement faible.
L’usine des Farges fonctionnera de 1921 à 1951 et produira durant cette période 8 151 kg d’or et 1 597 kg d’argent.

6.1.11.        Concession de La Fagassière

Les anciennes fosses sont particulièrement abondantes dans le secteur de La Fagassière situé à 5 km au Sud de Château-Chervix.
C’est Monsieur Destreicher qui, de 1910 à 1911, entreprit des recherches. Le 4 février 1914 une concession est accordée sur 325 ha au profit de la Société des Mines de La Fagassière.
A cette même époque Monsieur de Montbron entreprend des travaux en concurrence sur le secteur de Mars. Pour effectuer ses recherches, il créa la Société des Mines d'or de Mars avec des personnes de la Société des Mines de la Lucette. Il fit une demande de la concession de Mars en décembre 1909 mais elle fut rejetée. Les travaux seront arrêtés en 1913.

En 1910, le puits de La Fagassière il fut foncé jusqu’à 32 m de profondeur. Les travaux de recherche reconnurent un filon minéralisé en pyrite, mispickel et galène d’une puissance moyenne de 2 mètres avec des teneurs en or variant de 25 à 50 g/t. Les travaux seront interrompus le 28 septembre 1911.
La Société des Mines de La Fagassière ne reprendra les travaux qu’à partir de juin 1928. Le puits sera dénoyé en 1929 et approfondi jusqu’à 180 mètres avec 6 niveaux d’exploitation. Ce puits ne produira pratiquement pas de minerai malgré des travaux très importants. Seuls quelques dépilages effectués entre les niveaux 30 et 60 fourniront 350 tonnes de minerai.
En 1930, le puits des Gareillas n°1 fut foncé jusqu’à 45 mètres à proximité d’une très grande fosse de 170 mètres de long. Le filon a été reconnu sur 280 m avec une puissance de 30 à 80 cm avec une teneur moyenne de 20 à 30 g d’or à la tonne. Ce puits sera abandonné en juillet 1935 produisit environ 15 000 tonnes de minerai.
Le puits des Gareillas n° 2 fut foncé à 190 m du puits n° 1 jusqu’à 37 mètres de profondeur aux abords d’une autre fosse. Le filon qui fut exploité par les Gallo-Romains jusqu’à plus de 30 mètres de profondeur, a une puissance moyenne de 2 mètres. Une seule lentille sera exploitée entre les niveaux 30 et 58, elle produira 6 500 tonnes de minerai à teneur moyenne de 12 g/tonne. Ce puits sera fermé en août 1935.
En avril 1934, le puits des Gareillas n° 3 sera foncé, à 210 mètres au Nord du puits n° 2. D’une profondeur de 45 mètres. Le filon, exploré à partir de 2 niveaux 35 et 45 creusés à partir du puits, a une teneur et une puissance très irrégulière. La teneur en or atteignait par endroit 100 g/t de moyenne. Il sera fermé en 1945 après avoir produit 25 000 tonnes de minerai.
La production totale des quatre puits de la concession de La Fagassière entre 1928 et 1945 s’élève à 44 000 tonnes de minerai ayant donné 507 kg d’or et 100 kg d’argent.
Pour le traitement des minerais, une usine fut construite en 1930 par la CIMINOR sur le carreau du puits de La Fagassière. Cette usine fonctionnera avec les minerais de cette concession mais aussi avec ceux de Champvert et de Drouly.
Cette usine fonctionna de 1932 à 1945, sa production ne dépassera pas 575 kg d’or et 133 kg d’argent.

6.1.12.        Concession de Champvert

Les travaux de Champvert sont situés à Nord-est du village de La Porcherie dans une zone criblée d’aurières gallo-romaines (82 fosses furent dénombrées dans le secteur).
En 1910, Ernest Levi fit entreprendre des travaux sur un groupe de fosses par la Société de recherche minière du Limousin jusqu’en août 1912. Suite à sa demande, une concession de 383 ha fut accordée le 1er février 1913 au profit de la Société des Mines de Champvert.

Les travaux de recherche consistèrent en un travers-banc et un puits de 103 mètres foncé à partir de janvier 1911. Les travaux démontrèrent l’existence de 2 lentilles exploitables dont les teneurs intéressantes variaient entre 50 et 600 g d’or à la tonne. Des échantillons exceptionnels donnèrent des teneurs de 2 000 g/t avec parfois des paillettes d'or de plusieurs millimètres de diamètre.
Les travaux se limitèrent à la reconnaissance du filon et cessèrent en août 1912.
Après l’octroi de la concession, l’activité des mines de Champvert ne reprit qu’en juin 1928, le puits fut dénoyé et le minerai riche reconnu avant 1914 fut dépilé et stocké sur le carreau. Les travaux cessèrent en 1930 et c’est seulement en 1932 que le minerai sera transporté vers l’usine de la CIMINOR de La Fagassière. Les 2 156 tonnes de minerai extraites de Champvert avec une teneur moyenne en or de 35 g par tonne fournirent environ 75 kg.
La Société des Mines de Champvert renoncera à sa concession en août 1949.

6.1.13.        Concession de L’Auriéras (Haute-Vienne)

En 1908, suivant les indications de Mallard qui décrivait avec précision les anciennes aurières situées à proximité du village du même nom, Monsieur Klein effectua ses premiers travaux de recherche qui furent poursuivis jusqu’en 1910.
Pendant cette période, 3 puits furent foncés (puits de L’Auriéras, puits Pierre Pinet, puits Fernand). Ils permirent de recouper des filons de 1 à 10 m de puissance avec des teneurs de 3 à 96 g/t pour l’or et jusqu'à 925 g/t pour l’argent.
En 1910 Monsieur Klein céda ses droits à la Société des Mines de L’Auriéras à laquelle fut accordée la concession de l’Auriéras le 2 avril 1912 sur 280 ha.
L’exploitation commença en juillet 1912 par le fonçage d’un nouveau puits de 54 mètres de profondeur, appelé puits Coudert fut foncé à proximité du puits de recherche de L’Auriéras.
Une descenderie sera également creusée en 1913 sur l’affleurement du filon reconnu par ce puits.
Le puits Fernand fut repris en 1914 tandis qu’un nouveau puits, baptisé puits Roux, plus large était creusé à 50 mètres de celui-ci.
Tous ces travaux seront interrompus par la guerre le 1er août 1914.
Il faudra attendre octobre 1935 pour assister à une petite reprise des travaux au puits Roux. Une vingtaine de personnes assurèrent l’extraction de 245 tonnes de quartz aurifère qui produisirent 4 kg d’or. Ces travaux cesseront en septembre 1936.
La concession de L’Auriéras qui connut des débuts prometteurs restera inactive jusqu’à ces dernières années quand les Sociétés Penarroya et Mines et Produits Chimiques de Salsigne entreprirent l’exploration de ce gisement. Les travaux d’infrastructure et d’exploration souterrains débutèrent en 1986 dans le secteur anciennement exploité par le puits Pierre Pinet. Les travaux sont ensuite assurés par le personnel de la Société Le Bourneix qui exploite le gisement voisin de Cros-Gallet.
C’est à partir d’avril 1988 que débute l'exploitation de la lentille de L’Auriéras par travaux souterrains. Le minerai d'une teneur moyenne de l'ordre de 12 g/t sera traité à l’usine de concentration de la Société Le Bourneix.

6.2. Mine de Cros Gallet - Le Bourneix

Le gisement de Cros Gallet se situe sur les bords de la rivière l’Isle à 3,5 km à l’Ouest du Chalard, à la limite des départements de la Dordogne et de la Haute Vienne.
  • Géologie du gisement
Le gisement de Cros Gallet appartient à la structure dite du “Bourneix”, de direction Nord-Est – Sud-Ouest avec un allongement d’une dizaine de km jalonnés par une cinquantaine de fosses gallo-romaines.
La zone minéralisée qui intéresse l’exploitation est constituée d’un filon d’une douzaine de mètres de puissance. Le remplissage est constitué de micaschistes, de quartz, de brèches quartzeuses riches en sulfures et or libre. Les teneurs en or du quartz varient selon les faciès, de 10 à 100 g par tonne. Des morceaux de mispickel et de pyrite massifs peuvent donner des teneurs de 200 à 300 g par tonne.
La teneur moyenne des mines souterraines est de 12 à 16 g/t, celle des mines à ciel ouvert de 6 à 9 g/t.
L'unité de concentration, située sur le site du Bourneix, se compose d'un atelier de broyage et d'un atelier de flottation.
  • Historique
Les premiers travaux sur le filon de Cros-Gallet remontent aux Romains comme en témoignent les nombreuses aurières creusées sur les affleurements du filon.




C’est en 1909 que Monsieur Maurice Loir, en s'appuyant sur la Société de Recherches Minières du Plateau Central, entreprendra des recherches dans cette région à partir d’un travers-banc et d’une descenderie. Il semble que ces travaux aient reconnu un filon faiblement minéralisé. En 1912, il cède ses droits à la Société des Aurières Françaises qui effectuait des recherches au Tindeix. Les travaux cessèrent en 1913.






De 1928 à 1931, la Compagnie Industrielle des Mines d'or (CIMINOR) repris des recherches sur les filons du Bourneix, Ladignac, Le Chalard et Sirèges sans résultats.
En 1959, le BRGM entreprend l’exploration systématique de la région de St-Yrieix par une série de sondages et d’explorations des vieux travaux. En 1961, la structure du Bourneix fût sélectionnée comme l'un des meilleurs objectifs et en 1966 la lentille aurifère de Cros Gallet est identifiée et considérée comme étant digne d’intérêt.
En 1969, un syndicat est formé entre le BRGM, la Compagnie Royale Asturienne des Mines, la Société des Mines d'or du Châtelet et la Société Ewoto. Ce syndicat a pour mission l’étude du gisement en vue de son éventuelle exploitation. La conjoncture économique de l’époque est alors peu favorable à l’exploitation des mines d’or, les principaux partenaires se désistent et le projet est mis en sommeil.
En 1974, c’est la société Penarroya en collaboration avec le BRGM qui reprendra l’affaire.
Une campagne de sondage et des travaux miniers de recherche seront menés sur le site de Cros Gallet mais aussi des Fouilloux et de Ladignac. Les résultats sont intéressants et c’est en 1980 que sera créée la société “SNC Le Bourneix” dont les actions sont possédées pour une part de 65,75 % par Penarroya et 31,25 % par Coframine, filiale du BRGM.

Une usine de traitement du minerai sera installée sur le site de l’exploitation minière qui entrera en phase d’exploitation en juin 1982.
En 1988, Cogéma rachète la totalité des parts des associés de la SNC Le Bourneix. La société prend la dénomination "Société des Mines du Bourneix".



Au total, de 1982 à 2001, la production des mines du Bourneix a été de 28 340 kg d'or, avec pour les années 1990 une production annuelle de l'ordre de 2 tonnes par an à partir du minerai des mines du Bourneix, de l'Aurièras et d'autres lentilles minéralisées trouvées lors de l'exploration d'un vaste secteur englobant toutes les anciennes concessions de l'Aurièras, du Gendre, de Lacaud, de La Fagassières ou de Champvert. L'épuisement des réserves entraîne l'arrêt de l'exploitation en septembre 2001.

6.3. Les travaux de recherches

6.3.1. Recherches des Rieux (Haute-Vienne)

En juillet 1911, Monsieur Francisque Favre informe qu'il a entrepris des recherches de minerai aurifère aux Rieux, village situé à 6,5 km au Nord de Saint-Yrieix. Il charge la Société d'Entreprises Minières de la Haute-Vienne de l'exécution des travaux. Il sollicite en décembre 1912 une concession qui sera rejetée en 1923 car aucun travail n'avait été effectué après les hostilités.

6.3.2. Recherches de Chadefeine, Murat, Bouneilles et Bellevue

Ces localités se situent à 5 km environ au Nord de St-Yrieix sur le côté est de la route nationale 20.
A Murat, Bouneilles et Bellevue, les travaux furent entrepris par les propriétaires des terrains sur des affleurements quartzeux. Ces recherches qui eurent lieu entre 1911 et 1913 n’eurent aucune suite en raison de leur caractère superficiel.
A Chadefeine, les travaux furent entrepris en 1910 par la Société des Aurières Françaises. Un puits de 60 mètres et 168m de galeries furent creusés. Ils permirent de reconnaître 3 filonnets de quartz à mispickel et or libre. Les travaux cessèrent en 1912.

6.3.3. Recherches de La Rochette

Les recherches de La Rochette se situent à hauteur des précédentes mais sur le côté ouest de la route nationale. Elles furent entreprises par Monsieur Favre qui chargea la Société d’Entreprises Minières de la Haute-Vienne du fonçage d’un puits à 43 mètres. Les galeries tracées recoupèrent 5 filons de quartz dont un seul présenta des teneurs en or intéressantes (225 g/t en moyenne) mais sa puissance de 0,05 m à 0,10 m le rendait inexploitable.
Les travaux commencés en 1911 furent abandonnés en janvier 1913.

6.3.4. Recherches de Plaisance et Chez Pourtanaud

En 1912 des recherches furent entreprises par monsieur Fournier à 3,5 km au Sud-Est de La-Roche-l’Abeille.
Elles consistèrent en deux puits de 11 et 32 mètres de profondeur qui aboutirent à la découverte d’un filon de 2,20 mètres avec des teneurs en or de 12 à 25 g par tonne.
Les travaux furent interrompus en 1914 et ne furent jamais repris. En 1921, Société d’Entreprises Minières de la Haute-Vienne acquit les droits de recherches.

6.3.5. Recherches de Troussegeras

Situées à 6 km au Sud-Est de La-Roche-l’Abeille, les recherches de Troussegeras furent entreprises par la Société de Recherche Minière de la Haute-Vienne sur l’affleurement d’un filon de quartz.
2 puits permirent de reconnaître ce filon dont la puissance variait de 1,60 m à 4,30 m par endroits avec des teneurs en or de 4 à 12 g à la tonne. Les travaux, de peu d’importance, furent réalisés de 1911 à 1913.

6.3.6. Recherches de Lavergne

Les travaux de recherche, situés à 3,5 km au Sud de Château-Chervix, débutèrent en 1910.
Un des trois puits foncés rencontra un filon de granulite quartzeuse avec sulfures et or libre. Deux lentilles furent jugées exploitables mais de faible étendue, leur teneur moyenne étant de 54 g/t pour l’une et 16 g/t pour l’autre.
En 1913 fût créée la Société de Recherches Minières de Lavergne mais les travaux cessèrent en 1914 et ne furent jamais repris


Les travaux sont situés près du hameau du même nom à 5 km au Sud-Est de Château-Chervix.
Ces recherches, commencées en 1912 par la Société de Recherche Aurifère des Gaules, furent effectuées sur deux groupes d’aurières : à Crozas-Tessoniéras et à Laverine.


  • A Crozas-Tessoniéras, un puits de 34,30 mètres fut foncé et reconnu un filon de quartz, de 2,70 m de puissance, minéralisé en mispickel pyrite, galène et blende, avec des teneurs de 3 à 45 g d’or à la tonne.
  •  A Laverine : 2 puits furent creusés à 18,60 m et 20,15 mètres de profondeur et mirent en évidence 2 petits filons quartzeux de 0,30 m et 0,15 m de puissance avec des teneurs intéressantes de 22 g/t pour l’un et 157 g/t pour l’autre.


Les travaux furent stoppés en septembre 1913 en raison des difficultés financières auxquelles se heurtait la Société de Recherches Aurifères des Gaules.


6.3.7. Recherches de La Forêt et de Bourneix

Situées à 2 km au Nord-Ouest du Chalard, ces recherches ont été entre­prises sur l’emplacement d’anciennes fosses situées près des hameaux du Bourneix et de La Forêt.
De 1908 et 1910, un puits de 42 m sera foncé à La Forêt et reconnaîtra un filon de 1,20 m de puissance mais avec des teneurs trop faibles.
Dans le même temps, au Bourneix, des tranchées et une descenderie mirent en évidence un filon très puissant de 10 à 12 m mais avec une minéralisation trop faible.
Des travaux de recherche seront repris en 1928 par la CIMINOR dans les secteurs de Ladignac et du Chalard mais aucun filon ne fut jugé exploitable.

6.3.8. Recherches du Reineix

Situées à 4 km à l’Est de La Porcherie, ces recherches furent menées de 1910 à 1912 sur l’emplacement de 47 fosses gallo-romaines par la Société de Recherches Minières du Limousin.
Un puits de 33 mètres de profondeur et 200 mètres de galerie recoupèrent 6 filons de quartz minéralisé avec des teneurs parfois intéressantes mais de trop faible puissance (quelques cm à 0,65 m dans les meilleurs cas).
Les travaux furent abandonnés en raison d’un tonnage insuffisant pour justifier une exploitation.

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