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B 2_ Le district de Marche-Combrailles


1.    Mine du Chatelet (Creuse)

La mine du Châtelet est située à l’extrémité orientale du Limousin au Sud de Montluçon, à 47 km à l’Est de Guéret entre les communes de Chambon-sur-Voueize et Evaux-les-Bains (dans le département de la Creuse

1.1. Géologie

Le gisement se présente sur la forme de huit filons principaux (Emile, Henri, Albert, Berthe, Marthe, Emmanuel, Maurice et le filon de la Gare). Ils sont parallèles entre eux et se rejoignent par un réseau de petits filonnets transversaux. Ce réseau filonien sera reconnu par des travaux miniers sur une 1500 m de longueur pour 500 m de largeur. Leur puissance des filons varie de quelques centimètres jusqu’à un à cinq mètres de large.
Le tout forme un stockwerk (ensemble de filons plus ou moins petits et diffus) assez étendu (1600 m de longueur pour 500 m de largeur). Les filons sont orientés nord-sud et ont un fort pendage (70°) vers l'est. Ils sont encaissés dans des gneiss riches en biotite injectés par des dykes (des "cheminées") de microgranite et de granulite. Leur puissance varie de quelques centimètres jusqu'à un à cinq mètres.
Le remplissage est constitué du quartz et granulite minéralisés en mispickel qui renferme seul l’or. Les teneurs moyennes dans les granulites sont de 5 à 10 grammes par tonne et dans le quartz de 25 à 30 grammes par tonne. Exceptionnellement des teneurs dépassant 1000 grammes à la tonne ont été détectées localement. Dans les premières années d’exploitation, des teneurs de 100 à 150 grammes à la tonne n’étaient pas rares.

1.2. Historique

En 1885, deux filons de quartz sont mis à jour, au voisinage de la gare de Budelière-Chambon, lors des travaux de construction de la ligne de chemin de fer de Montluçon à Eygurande. Les ingénieurs, attirés par cette découverte, prélèvent quelques échantillons qui une fois analysés se révéleront faiblement aurifères. En 1898, Hyppolite Marlot, reprend l’étude des filons et constate qu’ils se prolongent régulièrement vers la rivière de La Tardes. Un permis de recherche est accordé sur les communes de Chambon et Budelière.
En 1905, des travaux sont effectués sur les affleurements des filons. Une galerie est creusée en bordure de la route de Budelière, à Evaux sur un filon de mispickel aurifère avec des teneurs intéressantes (le filon Émile). Un puits est alors foncé et comme il a été inauguré par le percepteur de Chambon, il sera baptisé “le puits du percepteur”, lequel restera jusqu'à l'arrêt de la mine le puits principal, avec 357 m de profondeur et desservant neuf niveaux principaux.
Presque en même temps un deuxième puits fut creusé, près de la gare, jusqu'à 60 mètres de profondeur. Les deux puits furent ensuite reliés par un réseau de galeries.
Une petite usine de traitement est aussi installée. Conçue pour traiter les minerais amalgamables, elle est inadaptée au minerai du Châtelet qui est réfractaire et nécessite un traitement plus complexe.


Cette même année, les deux prospecteurs déposent une demande de concession pour or.
La Société des Mines d’or du Châtelet est constituée le 21 avril 1907, et la concession est accordée le 29 juillet de la même année. Elle s’étend sur 782 hectares sur les communes de Chambon-sur-Voueize, Budelière et Evaux-les-Bains.

 En 1908 commence la construction d’une nouvelle usine de traitement qui sera achevée en 1909. Dès cette période la mine produit 100 tonnes de minerai par jour et emploie plus de 300 ouvriers. Les travaux de recherches très actifs, permettent la découverte des filons Berthe, Albert et Henri.
En 1910, les mines du Châtelet enregistrent des bénéfices. 1912 sera la meilleure année avec 1012 kg d’or extraits de 32 863 tonnes de minerai. Les difficultés ne sont pourtant pas absentes : main d’œuvre rare et pollution (végétation altérée, les animaux d’élevage empoisonnés). Il en résulte des procès, et la société devra verser de nombreuses indemnités.
En 1914, la société doit mettre fin à ses activités, et en 1917, la mine est noyée.
Grâce à son entrée dans le groupe Léonino-Balzac en 1922, la mine est dénoyée en 1923. L’année suivante, l’usine est modernisée. La situation n’est pourtant pas brillante, les travaux de recherches ne donnent que des résultats décevants et l’exploitation porte surtout sur des zones auparavant délaissées. De 1930 à 1939, la situation connaîtra des hauts et des bas malgré la découverte du filon Emmanuel qui présente quelques riches lentilles. Elle survivra, de 1944 à 1948, grâce aux aides de l’état
Après la guerre, l’usine sera à nouveau perfectionnée. Les travaux se poursuivent essentiellement sur les filons “historiques”, Émile et Henri, qui, 45 ans après leur découverte, continuent à produire le minerai aurifère.
Après une légère remontée, entre 1949 et 1952, les cours de l’or descendent et portent un coup fatal à la mine qui ferme définitivement en 1955. L'usine sera démantelée en 1957.
Au total les filons auront été exploités sur 357 m de profondeur répartis en 10 niveaux et pas loin de 40 km de galeries auront été creusées. De 1906 à la fin de ses activités en 1955, la mine d’or du Châtelet aura produit 10 878 kg d’or.
Sur ce secteur des recherches furent, de nouveau, réalisées dans les années 1985-1990 par le BRGM sur la concession du Châtelet et ses environs avec l'attribution du permis de recherche de Budelière. Ces travaux permirent de localiser quelques lentilles minéralisées mais trop circonscrites et trop profondes pour être exploitées.

2.    Minéralisations de Villerange (Creuse)

A une dizaine de kilomètres à l'Ouest du Châtelet, les recherches entreprises à partir des années 1978 par la Compagnie Minière Dong Trieux mirent en évidence une minéralisation à antimoine et or sur le secteur de Villeranges au Nord-Est du village du Lussat. Cette société, puis Total Compagnie Minière, firent d’importants travaux de reconnaissance par descenderie et tranchées sur les secteurs des Farges et Montarux. Ils permirent de délimiter des réserves renfermant de l'ordre d'une dizaine de tonnes d'or malheureusement à des teneurs infra économiques. En 1989, TCM demanda une concession sur ce gisement en même temps que les travaux furent mis en sommeil.

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