1. La Lucette
1.1. Géologie
Mine de la Lucette est située dans la commune du
Genest-Saint-Isle en Mayenne (53, à une quinzaine de kilomètres à l'Ouest de
Laval. La concession s’étendait sur 841 hectares sur les communes de Le Genest,
Olivet, Saint-Isle et Saint-Berthevin.
Le gisement est constitué par un faisceau d’une douzaine
de filons grossièrement parallèle de direction N20°Est encaissés dans des grès
et schistes. Il est localisé entre le bassin houiller de St-Pierre-Lacourt et
le bassin houiller de Laval.
La puissance des filons varie de 0,15 à 3 m, avec une
épaisseur moyenne de 0,8 m. Ils sont constitué de quartz minéralisé
essentiellement par de la stibine (Sulfure d’antimoine) et un peu de mispickel.
La stibine se présente sous forme de longs cristaux
brillants, ou sous forme de "fagots"...L'or des mines de La Lucette
se présentait sous forme de petits grains, souvent visibles à l'œil nu,
contenus dans le quartz ou associés à la pyrite, plus rarement à la stibine.
1.2. Historique
En mois de mars 1891, sur les berges du Vicoing entre Port
Brillet et Le Genest, Mr Masure remarque de beaux morceaux de stibine sur une
route nouvellement empierrée. Ayant le sens des affaires, Masure décide de
tirer parti de cette découverte.et s’engage avec ses associés, MM Ferry et
Héduit dans des démarches et tractations pour l’exploitation de l’antimoine.
En juillet 1897, H. Herrenschmidt, ingénieur chimiste
spécialisé dans les métaux non ferreux, prend alors contact avec les associés,
visite le gîte et demande à entrer dans les négociations et à participer à la
création d'une mine. Tout se passe alors très vite, la Société anonyme des Mines de la
Lucette est créée le 1er mars 1898 et le décret de concession de mines est
signé le 1er avril 1899.
Au début tout se passe bien. Nommé administrateur délégué
de la société, il dirige les premiers travaux d'exploitation. Les filons Henri
et Masure sont rapidement trouvés, le puits Minot est creusé et permet la
découverte d’autres filons. Herrenschmidt met aussi en place l'usine de
traitement métallurgique, et entreprend une prospection en surface (prospection
géochimique) qui permettra de trouver le filon Georges à 10m de profondeur, le
12 juin 1901.
Le 27 mars 1901, le conseil d’administration révoque Herrenschmidt
pour mauvaise gestion et n’aura de cesse jusqu’en 1904 d’intenter des actions
en justice envers la société La Lucette.
En 1903 un employé du laboratoire découvre que le minerai
de La Lucette contient de l'or ! La découverte de l'or a un grand
retentissement. On s'aperçoit alors que l'on a employé des tonnes de minerais
pouvant titrer jusqu'à 50g à la tonne pour remblayer les routes!
La société engage une réorganisation technique du
traitement des minerais afin de récupérer l'or contenu principalement dans le
quartz. En 1904, ses statuts sont modifiés et elle prend le nom de Société
nouvelle des mines de La Lucette. Le 5 juin 1905, la concession est
étendue à l'exploitation de l'or.
En1909, elle produit le quart de la production mondiale
d'antimoine. A partir de 1912, le filon Georges, le plus riche, s'épuise et en
1913, l'activité minière s'arrête. Avec la grande guerre, le besoin en
antimoine devient pressant et les cours remontent, la mine reprend en 1915. En
1916 un autre filon, nommé X et ensuite Wilson, est découvert. Dès 1924, les
réserves s'amenuisent et aucun nouveau filon n'est découvert. La mine est
définitivement fermée en 1934. Elle aura produit 8 700 kg d'or et 42 000
tonnes d'antimoine métal. L'usine métallurgique continue son activité et compte
actuellement au rang des entreprises de référence dans son secteur.
2. La Bellière
2.1. Géologie
La concession de La Bellière est située à une cinquantaine
de kilomètres d'Angers. Elle occupe une superficie de 508 hectares, s'étendant
sur les communes de St-Pierre-Montlimart et Montrevault (Maine-et-Loire). Le
gisement est constitué de quatre groupes de filons quartzeux encaissés dans les
schistes briovériens. La puissance des filons varie entre 1 et 6 m avec des
maxima atteignant 20 m. Ils ont une orientation est-ouest. Ils s'étendent sur 2
km et descendent à 180 m de profondeur avec un fort pendage (65 à 80°).
Le minerai est un quartz contenant 1 à 1,5% de sulfures
qui se répartissent selon l'ordre décroissant suivant : mispickel (arsénopyrite),
pyrite, galène, blende (sphalérite), chalcopyrite (rare). Le mispickel se
présente en amas diffus. La pyrite et la blende sont sous forme de petits
cristaux de quelques millimètres. La galène peut apparaître sont forme de
cristaux ou d'imprégnation diffuses. L'or est parfois visible (certaines
mouches d'or atteignent 5 mm de diamètre), il imprègne aussi les fissures de la
galène et du mispickel. On ne connaît pas d'échantillons minéralogiques
remarquables issus de ce gisement.
L’
2.2. Historique
En 1835, Desvaux découvre d'anciennes fosses et
excavations sur la commune de St-Pierre-Montlimart et, par la suite des filons
de quartz à mispickel.
En 1895, M. Burthe un ingénieur des mines intéressé par
les gisements d'étain remarque dans le parc du château de La Bellière des
excavations dimensions importantes (de 30 à 100 mètres de coté et jusqu'à 10
mètres de profondeur) envahies par la végétation. Burthe fait le rapprochement
entre ces excavations et les fosses des mines d'étain de la Villeder.
Les résultats des analyses faites sur des prélèvements
dans les déblais, montreront l'absence d'étain mais révéleront la présence de
mispickel contenant de l'or (5 à... 310g à la tonne). Comme à l’époque, le
traitement des mispickels aurifères n'était pas maîtrisé, ce n’est qu’en 1902,
qu’une demande de concession est déposée suite aux travaux de recherche qui ont
permis d'atteindre à 30 m de profondeur un filon, partiellement exploité dans
les temps anciens.
Après d'autres recherches favorables, la société des mines de La
Bellière est créée en avril 1905. Cette date marque aussi la naissance
de ce qui allait être plus tard le groupe Leonino-Balzac qui prendra une forte
extension dans l'exploitation des mines d'or françaises.
Le cinq juin de la même année la concession est accordée.
L'exploitation commence. Grâce à des moyens financiers appropriés, une usine de
traitement bien adaptée est construite à proximité.
Dès 1906, la production d'or dépasse 200 kg, pour
atteindre la production record de 1 240,698 kg en 1910. La teneur moyenne
du minerai est de 16 g à la tonne. Jusqu'au milieu de la guerre de 1914-18, la
mine travaille dans de bonnes conditions, mais en 1917, un incendie détruit une
grande partie des installations de broyage. L’exploitation ne reprend qu'en
1925 et la production se maintient entre un peu moins de 100 kg et un peu plus
de 400 kg d'or par an entre 1926 et 1938. L'extraction se répartit en trois
centres : Thomas, Bon-Air et Saint-Antoine. Le centre Saint-Antoine est le plus
important avec trois puits : le puits Emmanuel, celui de Verger et le puits
Saint Jean. L'exploitation se fait sur six niveaux entre -30 et -170 mètres.
La production périclite à partir de 1939 pour s'arrêter en
1941, avec l'épuisement des zones à fortes teneurs (les teneurs en or
atteignent 8 g à la tonne voire moins). Quelques travaux, entrepris en 1951
seront sans suite.
Au total la mine de La Bellière aura produit 10 280
kg d'or, un peu d'argent et d'arsenic.
3. Rouez
La mine d’or de Rouez est la dernière mine d’or découverte
en France, elle est située à Rouez-en-Champagne dans la Sarthe (72) à 30 km au
nord-ouest du Mans. Elle a été exploitée entre 1989 et 1995.
Le gisement a été découvert en 1975 lors d’une campagne de
géophysique électromagnétique aéroportée réalisée par l’association BRGM / ELF
Aquitaine qui décelé une forte anomalie électromagnétique au sein des schistes
« briovérien » (- 600 millions d’années).
Un sondage réalisé en janvier 1976 sur cette anomalie
géophysique associée à une faible anomalie géochimique polymétallique, a
traversé 83 mètres de sulfures massifs après avoir recoupé 23 mètres de
formation oxydées. Il a confirmé la présence d’un amas sulfuré qui était connu
depuis plusieurs siècles et exploité pour le fer contenu : mine de la
Goupillère, L’amas sulfuré s’est formé au
L’amas sulfuré a la composition moyenne suivante : pyrite
: 43 %, pyrrhotite : 22 %, sidérite : 19 %, blende : 2,5 %, chalcopyrite : 1,7
%, galène : 0,3 %, arsénopyrite : 0,2 %. La teneur en métaux précieux est trop
faible : 1,49 gramme d’or et 21,4 grammes d’argent par tonne de minerai pour
une exploitation économiquement rentable de l’ensemble du minerai.
Le gisement de Rouez est le plus grand amas sulfuré
d’Europe avec ces 800 mètres de long, ses150 mètre de large pour une profondeur
supérieure à 500 mètres ; cela représente 100 millions de tonnes de
minerai.
En revanche, dans le « chapeau de fer », partie
sommitale de l’amas sulfuré dans laquelle les sulfures de fer sont oxydés (en
hématite, goethite, limonite) sur une profondeur de 20 à 30 mètres, la
concentration en métaux précieux est 10 fois supérieure.
En 1989, avec la montée des cours de l’or, l’exploitation
de la mine d’or de Rouez devient rentable.
L’exploitation du chapeau de fer par PARMINES a été réalisée à ciel ouvert dans deux carrières. La
quantité exploitable du minerai exploitable a été de 250 000 tonnes avec une
teneur moyenne de 11 g d'or/t et de 50 g d’Ag/t.
L'extraction journalière a été de l'ordre de 1 000 m3
de minerai. La nature du minerai ne permettant pas une concentration
préalable tout le minerai a été traité par lixiviation. La lixiviation désigne
une technique de lessivage de produits solides par un solvant liquide
approprié, de façon à en extraire les parties solubles.
Après concassage le minerai courant titrant moins de 15 g
d'or/t a été traité par lixiviation en tas et le minerai riche, à plus de 15
grammes d'or par tonne par lixiviation dynamique en cuves.
Au total, de 1989 à 1992, l’exploitation du gisement
(Chapeau de fer) a fourni 2,8 tonnes d'or et 15 tonnes d'argent.
4. Mines du Semnon
La mine du Semnon est situé dans la partie sud-est du
département d'Ille-et-Vilaine à 3 km à l'ouest de Martigné-Ferchaud sur la rive
nord de la rivière "Le Semnon".
La présence d'antimoine (stibine) fut découverte par
hasard, en 1892, lors de travaux au moulin du Coudray
sur le Semnon. Un puits de recherche fut foncé en 1892 et le 16 août
1892, E. Picard, L. Maudet, A. Bossard et A. Tricault sollicitent une
concession de mine d'antimoine avec métaux connexes tels que plomb, zinc,
cuivre, argent, or et pyrites. La Concession du Semnon, instituée par décret du
21 mai 1895, porte sur une superficie de 538 ha. En 1896, est attribuée à la Société
des Mines du Semnon, mais faute de rentabilité les travaux cessèrent en
1897.
Suite à la découverte d'or dans la stibine de la mine de
la Lucette (53) en 1903 des tests sur le minerai de la mine du Semnon furent
réalisés et au vue des résultats (12 à 20 gr d'or par tonne) les travaux
d'exploration reprirent en 1909, ayant pour but la reconnaissance du filon, se
prolongent en 1910 avec la création de la Société anonyme des mines du Semnon.
Le puits 1 est approfondi de 22 m, ce qui porte sa profondeur à 90 m. Il est
tracé 202 m de galeries se répartissant entre les trois niveaux de 17 m, 51 m
et 77 m. En 1910, 410 t de minerai brut sont extraites. Dès 1912, la société
rencontre des problèmes administratifs. En 1913, deux chantiers d'abattage
amorcé ont donné entre 1800 t et 2000 t de minerai contenant en moyenne 6 g
d'or à la tonne et 6 % d'antimoine.
L'exploitation conduite au ralenti pendant la première
guerre mondiale est loin d'avoir été systématique. De nombreux panneaux
resteraient encore à dépiler représentant un tonnage probable de 5 000 tonnes
de stibine et 2 tonnes d'or.
Un rapport de 1915-1916 signale l'existence d'importantes
réserves de minerai et conclut à la possibilité d'extraire 80 à 100 t par jour
de minerai, ce qui correspond à la capacité du lavoir. Faute de capitaux,
l'exploitation fut arrêtée en 1918. Les travaux sont abandonnés et noyés. La
société concessionnaire est en liquidation en 1922.
La SMM Penarroya
a racheté la concession en 1954.
Le filon de la Liborière a été reconnu par trois puits, le
principal (dit puits du Moulin de Bas Coudray) atteignant 107 m de
profondeur. Il desservait 6 niveaux de traçages et se développait sur un
allongement maximum de 400m. On a dépilé le panneau compris entre les niveaux
-51 et -77 sur un allongement de 335m. Un travers banc tracé au niveau -75 vers
le sud a recoupé un filon parallèle au filon principal, l'ensemble
correspondant aux deux flancs d'un synclinal très pincé. Tous ces travaux sont
abandonnés et le puits de Coudray est devenu inaccessible.
Parmi les éléments favorables à la reprise des recherches
sur le secteur figure l'existence de deux autres grands filons de diabase à
peine reconnus ou vierges de travaux:
-
le Brossay (1km puissance 4 à 8 m),
-
le Moulin de Chalayguer (500 m puissance 5 m).
En 1978, le BRGM a effectué des travaux d'études.
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